La statue de Jeanne d’Arc

Sur la place des Enfants Nantais, en plein cœur du quartier Saint-Donatien, une silhouette impressionnante domine la scène : Jeanne d’Arc à cheval, étendard brandi, semble veiller sur la basilique qui lui fait face. Cette statue équestre, œuvre du sculpteur nantais Charles-Auguste Lebourg, incarne bien plus qu’une simple figure historique. Elle dialogue avec la basilique Saint-Donatien-et-Saint-Rogatien, tissant un lien fort entre foi, histoire et mémoire locale.

🏇 Une œuvre puissante et symbolique

Réalisée en bronze en 1904 dans la célèbre fonderie du Val d’Osne à Paris, la statue de Jeanne d’Arc a été installée en 1913 au centre de la place des Enfants Nantais, sur un socle en granit qui affirme sa présence. Cette position axiale, juste en face de la basilique, n’est pas un hasard : elle instaure un véritable face-à-face symbolique entre la protectrice de la foi et les premiers martyrs chrétiens de Nantes, Donatien et Rogatien, auxquels est dédiée la basilique.

Jeanne d’Arc, brandissant fièrement l’étendard de la France, incarne le courage, la résistance et la défense des valeurs spirituelles et nationales. Sa posture chevaleresque, noble et déterminée, fait écho à l’histoire millénaire que raconte la basilique, un lieu de mémoire qui abrite les reliques des premiers saints patrons de Nantes.

🛡️ Une histoire marquée par la controverse

La réalisation de la statue fut portée par un comité monarchiste fervent, souhaitant une inauguration symbolique le 18 mai, jour de la fête de Jeanne d’Arc. Mais la municipalité de Nantes s’y opposa, préférant la date du 14 juillet pour éviter toute récupération politique. Finalement, la statue ne connut jamais d’inauguration officielle, un silence qui témoigne des tensions politiques de l’époque, mais qui n’a en rien diminué son importance pour les habitants du quartier.

🤝 Un dialogue entre pierre et bronze

Face à la basilique Saint-Donatien-et-Saint-Rogatien, la statue de Jeanne d’Arc ne se contente pas d’être un simple ornement urbain. Elle participe pleinement à l’identité du quartier, un lieu où l’histoire religieuse et nationale se conjuguent. Tandis que la basilique rappelle le sacrifice des premiers martyrs chrétiens, Jeanne d’Arc incarne la protection de la foi et la défense de la patrie.

En ce sens, la statue et la basilique racontent ensemble une même histoire, celle d’une ville, d’une foi, et d’une mémoire qui traversent les siècles.

💡 Le saviez-vous ?

La statue équestre de Jeanne d’Arc, installée en 1913 sur la place des Enfants-Nantais, a failli disparaître pendant la Seconde Guerre mondiale.
À cette époque, de nombreuses statues en bronze furent fondues pour fabriquer des armes, mais celle-ci a été épargnée, sans qu’on sache vraiment pourquoi.
Certains avancent que sa position centrale, son socle en granit massif, et l’attachement des Nantais à Jeanne d’Arc ont contribué à sa préservation.
Cette survivante nous rappelle que, même dans les heures les plus sombres, la mémoire et la foi peuvent traverser le temps.